Le tri des déchets en copropriété représente aujourd'hui un enjeu majeur pour l'environnement et le cadre de vie des résidents. Alors qu'un Français produit en moyenne 573 kilogrammes de déchets ménagers par an, soit environ 40 kilogrammes par semaine pour une famille de quatre personnes, la mise en place d'une organisation efficace devient indispensable. Depuis la loi du 10 janvier 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, les syndics ont l'obligation d'informer les copropriétaires sur les règles de tri, une mesure qui s'applique pleinement depuis janvier 2022. Cette démarche collective nécessite une approche structurée, combinant infrastructures adaptées et sensibilisation continue des habitants.
Mise en place des infrastructures de tri
L'organisation du tri en copropriété commence par la création d'un environnement matériel propice à de bonnes pratiques. Une étude de l'Arc révèle que la quasi-totalité des copropriétés disposent désormais des infrastructures nécessaires, avec 97 pour cent équipées pour les emballages et 94,5 pour cent pour le verre. Cette disponibilité des équipements constitue une base solide, mais encore faut-il qu'ils soient correctement dimensionnés et organisés pour répondre aux besoins réels des résidents.
Choisir et installer les contenants adaptés à chaque flux de déchets
Le choix des contenants constitue une étape fondamentale dans l'organisation du tri. Pour dimensionner correctement les équipements, il convient de prévoir entre 40 et 50 litres par habitant pour les déchets ménagers, auxquels s'ajoutent 10 à 20 litres par habitant et par semaine pour les déchets recyclables. Ces volumes doivent être adaptés en fonction de la fréquence de collecte établie avec les prestataires. Il est essentiel de choisir un sac poubelle adapté pour chaque type de déchet, facilitant ainsi le geste de tri quotidien des résidents. La diversification des contenants selon les flux permet une meilleure identification : bacs jaunes pour les emballages, bacs verts pour le verre, conteneurs spécifiques pour le carton. Cette différenciation visuelle par les couleurs et les formes contribue à réduire les erreurs de tri, qui restent deux fois plus fréquentes en immeuble qu'en maison individuelle selon une étude de 2014. Les contenants doivent également être robustes et faciles à manipuler, car leur ergonomie influence directement l'adoption des bonnes pratiques par les copropriétaires.
Aménager des espaces de stockage fonctionnels et accessibles
L'aménagement du local à poubelles nécessite une réflexion approfondie sur l'organisation spatiale. La réglementation locale impose généralement une distance minimale de 10 mètres entre les conteneurs et les logements pour limiter les nuisances. Le syndic, qu'il soit professionnel, coopératif ou en ligne, doit veiller à la propreté de cet espace et à sa conformité avec les normes en vigueur. L'accessibilité constitue un critère majeur : les parties communes dédiées au tri doivent permettre une circulation aisée, y compris pour les personnes à mobilité réduite. Un éclairage suffisant et une ventilation adéquate améliorent le confort d'utilisation et encouragent les résidents à respecter les consignes. Depuis le 1er juin 2020, la suppression des vide-ordures peut être décidée à la majorité simple lors des assemblées générales, ce qui permet aux copropriétés de repenser entièrement leur système de collecte. Cette évolution réglementaire offre l'opportunité de créer des espaces de tri plus fonctionnels au rez-de-chaussée, favorisant ainsi l'égalité des copropriétaires dans l'utilisation des parties communes, principe rappelé par un arrêt de la Cour de cassation du 11 mars 2009.
Communication et sensibilisation des résidents

La mise en place d'infrastructures performantes ne suffit pas à garantir un tri efficace. Une enquête de BVA Group réalisée en 2019 montre que si 83 pour cent des Français trient le verre, 81 pour cent le carton et 78 pour cent le plastique, 71 pour cent d'entre eux expriment néanmoins des doutes sur les modalités du tri. Cette incertitude se traduit par un taux d'erreur deux fois supérieur en copropriété par rapport aux habitations individuelles. Face à ce constat, la communication et l'accompagnement des résidents deviennent des leviers essentiels pour améliorer les pratiques collectives.
Créer une signalétique claire et pédagogique
La loi Grenelle I du 3 août 2009 encadre l'obligation d'affichage d'informations dans le local à poubelles, dispositif renforcé par la loi de 2020. Cette obligation légale doit se traduire par une signalétique visible, compréhensible et régulièrement actualisée. Les panneaux d'information doivent préciser les types de déchets acceptés dans chaque contenant, en utilisant des pictogrammes universels et des exemples concrets. L'affichage des consignes locales de tri s'avère particulièrement important car les règles peuvent varier selon les communes et les prestataires de collecte. Le syndic doit également communiquer les horaires de passage des collecteurs et les coordonnées de la déchetterie la plus proche. Des plateformes collaboratives comme Coach Syndic Digital facilitent désormais la diffusion de ces informations auprès des copropriétaires. La signalétique gagne en efficacité lorsqu'elle est multilingue dans les copropriétés accueillant des résidents d'origines diverses. L'utilisation de codes couleur cohérents entre les panneaux et les contenants renforce la mémorisation des bonnes pratiques. Cette approche visuelle doit s'accompagner d'une mise à jour régulière pour tenir compte des évolutions réglementaires et des retours d'expérience des utilisateurs.
Organiser des actions de formation et d'accompagnement
Au-delà de la signalétique passive, l'organisation de campagnes de sensibilisation actives permet d'impliquer durablement les copropriétaires dans la démarche de tri. La désignation d'un ou plusieurs responsables du tri au sein de la copropriété crée un référent identifiable pour les résidents ayant des questions. Ces ambassadeurs du tri peuvent animer des réunions d'information lors des assemblées générales ou organiser des ateliers pratiques dans les parties communes. Un suivi régulier de la qualité du tri permet d'identifier les difficultés rencontrées et d'adapter les messages de sensibilisation. Les mesures correctives peuvent prendre diverses formes : rappels ciblés dans les boîtes aux lettres, création de supports pédagogiques simplifiés ou mise en place de démonstrations sur le lieu même du tri. L'économie circulaire et la réduction de la production de déchets constituent également des thématiques à aborder pour sensibiliser les résidents aux enjeux environnementaux globaux. La négociation avec les prestataires de collecte et de traitement peut inclure des interventions de leurs équipes pour expliquer le devenir des déchets recyclables. Cette approche globale, combinant infrastructures adaptées, communication claire et accompagnement continu, transforme progressivement la gestion des déchets en copropriété en une pratique collective naturelle et efficace, contribuant ainsi à la propreté des espaces communs et à la valorisation du cadre de vie de tous les résidents.
























